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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/334

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BOTANIQUE.

à l’esprit, et tout ce que j’avais pensé moi-même sur ce sujet me frappa plus vivement ; certains points de vue sous lesquels on peut envisager la nature me parurent plus féconds, plus clairs, et en harmonie parfaite avec cette idée nouvelle. Comme je cherchais à appliquer la théorie de la métamorphose aux phénomènes les plus opposés en apparence, je me complus dans cette doctrine, quoiqu’il me fût difficile de me dégager tout-à-fait de l’ancienne.

Si l’on se rappelle l’état dans lequel était alors la botanique, on ne m’en voudra pas d’avoir prié instamment Schelver de ne pas faire connaître ses idées. Il était facile de prévoir qu’elles seraient fort mal reçues, qu’on le traiterait avec peu de courtoisie, et que la doctrine de la métamorphose, qui n’avait point encore été adoptée, serait bannie pour long-temps du domaine de la science. Notre position personnelle dans l’Académie était un motif de plus pour garder le silence, et encore aujourd’hui je lui sais gré d’avoir partagé mes convictions, et de n’avoir rien laissé transpirer de sa manière de voir tant qu’il demeura parmi nous.

Cependant le temps marchait, la science changeait de face, une idée nouvelle succédait à l’autre, on commençait à émettre des propositions plus hardies, et lorsque Schelver produisit au grand jour son étrange assertion, il était à prévoir que cette doctrine serait encore quelque temps lettres closes pour le monde savant. Il eut de nombreux adversaires, et fut repoussé avec protêt du temple de la science. Il en fut de même de sa défense, qu’il ne put s’empêcher de publier.

Lui et son idée furent mis de côté et condamnés à l’oubli ; mais notre époque présente ceci de caractéristique qu’une semence jetée dans le monde prend toujours racine quelque part ; on est toujours disposé à