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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/335

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BOTANIQUE.

tout admettre, et le vrai et le faux germent et croissent péle-mêle.

Henschel a donné un corps à cette théorie qui auparavant était purement abstraite ; elle demande sérieusement à prendre rang dans la science, quoiqu’il soit assez difficile de lui assigner une place. On s’est ému en sa faveur ; les critiques, au lieu de gourmander l’auteur au nom des anciennes idées, s’avouent convertis, et le temps nous apprendra ce qu’il adviendra de cette idée.

Comme il y a maintenant des ultras dans tous les partis, parmi les libéraux comme parmi les royalistes, on peut dire que Schelver était un ultra dans la doctrine de la métamorphose ; il rompit la dernière digue qui la tenait encore captive dans ses anciennes limites.

On ne saurait, dans tous les cas, effacer sa Dissertation et sa Défense de l’histoire de la botanique ; il y soutient une théorie ingénieuse, et qui, par cela même, mérite d’être prise en considération.

En général, on devrait s’habituer, dans les sciences, à entrer dans les vues des autres. Ce m’était chose facile à moi, auteur dramatique, mais c’est une rude tâche pour des esprits dogmatiques.

Schelver prend pour point de départ l’idée la plus complète de la métamorphose normale et régulière en vertu de laquelle la plante, fixée au sol et tendant vers le ciel et vers la lumière, s’élève sans cesse sur elle-même dans son développement graduel, et répand autour d’elle la dernière semence, produit de sa propre vitalité. Le dogme de la sexualité implique, au contraire, nécessairement l’idée d’un élément étranger qui agit avec et à côté de la fleur pour amener un résultat définitif.

Schelver suit le développement tranquille et successif de la métamorphose, qui va en se perfectionnant sans cesse, laissant peu à peu derrière elle tout ce qui est grossier, commun et matériel, pour arriver à un