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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/381

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GÉOLOGIE.

Pour éviter tout malentendu, je dois commencer par déclarer que ma manière de considérer et de traiter des sujets d’histoire naturelle consiste à procéder du tout à la partie, de l’impression générale à l’observation des détails ; sachant très bien du reste que cette méthode hardie est, comme le système contraire, sujette à certains inconvénients qui lui sont propres, et entachée de certaines idées préconçues, dont elle ne saurait s’affranchir.

J’avouerai sans détour que souvent je n’apercevais que des effets simultanés là où d’autres reconnaissaient des actions successives. Dans plus d’une espèce de roche, où les géologues voient un conglomérat, une agrégation de débris rapprochés et unis par le feu, je ne vois qu’une masse hétérogène analogue au porphyre, composée d’éléments divers et séparés, qui sont restés réunis au moment de la consolidation. De là résulte que mes explications sont plutôt chimiques que mécaniques.

On disputerait, j’en suis convaincu, beaucoup moins sur les déductions et les interprétations des faits scientifiques, si chacun se connaissait d’abord lui-même, s’il savait à quel parti il appartient, et quelle est la méthode la mieux appropriée à la tournure de son esprit. Nous déclarerions alors sans détour quels sont les principes qui nous dirigent, nous ferions connaître nos observations et les conséquences que nous en avons tirées, sans jamais nous engager dans une dispute scientifique ; car la discussion n’a toujours qu’un résultat, c’est que les deux idées opposées et incompatibles se formulent clairement, et que chacun persiste obstinément dans la sienne. Que si l’on ne pouvait tomber d’accord avec moi sur mes théories géologiques, je prierais de prendre en considération mon point de départ, auquel je reviens sans cesse ; c’est dans cette in-