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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/398

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GÉOLOGIE.

qui n’empêchaient pas de distinguer les points remarquables.

Tout le pays que l’œil embrasse est formé de coteaux uniformes qui se succèdent à l’infini. Rien ne fait contraste dans leur hauteur, leurs pentes ou leurs intervalles ; on passe des uns aux autres par des transitions insensibles. Les pâturages, les prairies, les champs cultivés et les bois produisent, en alternant entre eux, un mélange qui réjouit l’œil, mais qui ne laisse pas une impression durable.

Un tel aspect fait naître des idées générales, et pour se rendre compte du paysage qu’on a sous les yeux, on est forcé d’admettre que la Bohême formait, il y a bien des années, un lac intérieur dont le fond était plus ou moins inégal. Lorsque les eaux se retirèrent, la vase et d’autres substances se déposèrent au fond, et elles devinrent, après avoir été agitées par la marée de cette petite Méditerranée, la base d’un terroir fertile. L’argile et la silice sont les ingrédients principaux ; le gneiss facilement altérable de la contrée les avait fournis ; mais vers le sud, sur les limites de la formation schisteuse, le calcaire primitif qui se montre aussi, a dû réunir ses éléments à la masse commune.

Vue de ce côté, la Bohême se présente sous un aspect tout particulier. C’est une région parfaitement circonscrite : le district de Pilsen m’a paru un petit monde, parce que le terrain ondulé qui le compose, présente confusément à l’œil des bois et des terrains cultivés, des pâturages et des prairies ; de façon qu’il serait difficile de dire si chacune de ces cultures est bien appropriée aux différentes expositions où elle se trouve.

Les hauteurs donnent naissance à une infinité de sources ; les dépressions du terrain déterminent la formation de nombreux étangs qu’on utilise pour la pêche,