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Page:Goethe - Œuvres d'Histoire naturelle, trad. Porchat (1837).djvu/425

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LUISENBURG

PRÈS D’ALEXANDERSBAD.

(1820.)

Parmi les nombreuses ramifications de la chaîne du Fichtelgebirg on remarque surtout une croupe élevée et fort étendue, connue dès les temps les plus reculés sous le nom de Luxburg, et que les voyageurs viennent souvent visiter pour y voir un nombre immense de rochers entassés les uns sur les autres d’une manière si bizarre et si variée, que l’imagination la plus riche, et les descriptions les plus pittoresques ne sauraient en donner une idée. Ils forment un labyrinthe que j’avais parcouru péniblement il y a quarante ans, mais qui, converti maintenant en promenade, facilite beaucoup l’exploration d’une partie de ces roches. Ce lieu porte le nom de Luisenburg, depuis qu’une reine chérie de la nation y a passé quelques jours heureux qui furent suivis de grandes infortunes.

La masse énorme de ces blocs de granit qui semblent avoir été jetés confusément les uns sur les autres sans qu’on puisse démêler une direction ou une loi d’arrangement quelconque, forme un tableau dont je n’ai trouvé le pendant dans aucun de mes voyages. Pour expliquer ce désordre véritablement chaotique, qui remplit l’âme d’étonnement, de crainte et de terreur, les observateurs ont appelé à leur secours les tempêtes, les tremblements de terre, les volcans et tous les agents violents qui peuvent bouleverser la surface du globe.