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COMPARÉE.

gnes extérieurs. Les observations isolées s’accumulèrent ; quelques unes étaient le résultat de recherches suivies ; d’autres le produit du hasard ; mais plus d’une erreur s’était glissée au milieu d’elles parce qu’elles n’étaient ni coordonnées entre elles, ni généralisées. D’autres étaient tout-à-fait incomplètes, et une terminologie vicieuse imposait des noms différents à des organes analogues ; les vétérinaires, les chasseurs et les bouchers ont jeté une confusion fatale dans la nomenclature des parties extérieures des animaux, confusion dont la fâcheuse influence se fait encore sentir aujourd’hui que la science est assise sur des bases plus solides. On verra plus bas combien le manque d’un point central autour duquel on puisse grouper toutes les observations isolées a été préjudiciable à son avancement.

Le philosophe remarquera aussi que les observateurs s’étaient rarement élevés à un point de vue d’où il leur fût possible de prendre des idées d’ensemble sur ces êtres dont les rapports sont si multipliés.

Dans cette science, comme dans les autres, on partait de principes dont la vérité n’était pas suffisamment établie. Les uns s’en tenaient platement aux faits matériels sans les féconder par la réflexion : les autres cherchaient à sortir d’embarras au moyen des causes finales ; et, tandis que les premiers ne s’élevaient jamais à l’idée d’un ensemble vivant, les autres s’éloignaient sans cesse du but qu’ils croyaient atteindre.

Les idées religieuses étaient un obstacle du même genre et de la même force. On voulait faire servir les phénomènes de la nature organique à la plus grande gloire de Dieu ; et au lieu de s’attacher au témoignage des sens, on se perdait en vaines spéculations sur l’âme des animaux et d’autres sujets aussi inutiles.

La vie est si courte, et l’anatomie seule du corps