Page:Goethe - Faust, traduit par Albert Stapfer, 1828.djvu/10

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jusqu'à un certain point. Et d'ailleurs, à quelque hauteur que son vol parvienne dans a région des songes et des chimère, quels que soient le vide et l'extravagance des mondes où il plane, toujours il part de la terre, il s'appuie toujours sur la réalité, sur la vie : comme les sorcières de Macbeth, c'est en maniant des ustensiles grossiers, c'est en prononçant des paroles simples, qu'il évoque les fantômes.

Il nous reste à protester contre ceux qui, après la lecture de cette traduction, s'imagineraient avoir acquis le droit de porter un jugement touchant le mérite de l'original; car, s'il n'existe point d'ouvrage sur lequel une traduction puisse donner un tel droit, celui-ci se trouve dans ce cas moins encore qu'aucun autre, à cause de la perfection continue du style. Qu'on lui suppose le naturel esquis de versification de l'Amphytrion de Molière, joint à ce que les poésies de Jean-Baptiste Rousseau offrent de plus lytique, celles de Parny de plus tendre et de plus gracieux; alors seulement on pourra se croire dispensé, pour le juger d'être en état de lire l'original lui-même.


A.S.


Nota. Le portrait de l'auteur de Faust, mis en tête du présent volume, a été exécuté par M. Delacroix d'après un croquis, fait à Weimar au commencement de l'année 1827, que M. de Goethe avait envoyé dans ce but à l'éditeur; et le nom inscrit au bas de ce portrait est un fac-simile exact de la signature d'une lettre de lui, écrite vers la même époque, dont on lire un passage dans le note 2.