Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/25

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chambre, d’indienne véritable ; on ne trouve plus de pareille étoffe. Mais, soit !, j’avais cessé de la porter. On veut à présent que nous nous présentions toujours en redingote polonaise, toujours bottés ; le bonnet et les pantoufles sont bannis. »

— « Regarde là-bas, interrompit la femme, déjà reviennent quelques-uns de ceux qui sont allés voir le convoi ; il doit être désormais passé. Comme tous les visages sont enflammés, toutes les chaussures poudreuses ! Chacun, le mouchoir à la main, s’essuie la sueur. Je ne voudrais pas, moi non plus, courir aussi loin, par la chaleur, à un tel spectacle qui me ferait souffrir ; j’ai, vraiment, bien assez de ce qu’on m’en racontera. »

Le bon père dit alors avec une intention marquée :

« Rarement un si beau temps favorise des moissons si belles : nous rentrerons le blé comme nous avons rentré le foin, bien sec. Le ciel est clair ; on n’aperçoit pas le moindre nuage, et le vent, qui souffle de l’est, nous apporte une agréable fraicheur. Cela signifie : beau-fixe ; le grain a atteint son plus haut point de maturité ; nous commencerons demain à couper l’abondante récolte. »

Pendant qu’il parlait, les groupes d’hommes et de femmes, s’augmentant sans cesse, traversaient la place du marché pour regagner leurs demeures. Ainsi, à l’autre extrémité de cette même place,