Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/51

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première éruption ? Tout cela ne s’est-il pas fait depuis l’épouvantable incendie ? J’ai obtenu, six fois, à l’élection, dans le conseil municipal, la place d’inspecteur des bâtiments ; j’ai mérité l’approbation et les remerciements sincères des bons citoyens, soit pour la diligente exécution de plans proposés par moi-même, soit pour avoir accompli d’une manière heureuse, les entreprises que d’honnêtes gens avaient laissées inachevées. L’amour du progrès ayant ainsi, et enfin, successivement envahi chaque membre de notre conseil, tous maintenant sont pleins de zèle, et déjà la construction de la chaussée qui doit nous relier à la grande route, est fermement résolue. Mais je doute que nos jeunes gens suivent ces exemples : les uns ne pensent qu’aux plaisirs et aux ornements futiles ; les autres, claquemurés à la maison, restent blottis derrière le poële ; je crains qu’Hermann ne soit toujours au nombre de ces derniers. »

La bonne et judicieuse mère répliqua aussitôt :

« Père, voilà, pourtant, comme tu es toujours injuste envers ton fils, et c’est le plus sûr moyen de ne pas voir se réaliser tes désirs d’amélioration, car, nous ne pouvons pas former nos enfants selon nos goûts. Tels Dieu nous les a donnés, tels nous devons les prendre et les aimer, et tout en les élevant de notre mieux, il ne faut point vouloir