Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/52

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forcer en eux la nature. Celui-ci possède certaines qualités, celui-là d’autres ; chacun met les siennes en œuvre, et trouve, à sa manière, le bien et le bonheur. Je ne laisserai point rabrouer mon Hermann, car, je le sais, il est digne des biens qu’il aura en héritage un jour ; c’est un excellent agriculteur, un modèle, en même temps, pour les gens de la ville et de la campagne, et, j’en suis sùre d’avance, il ne sera point le dernier au conseil municipal. Mais, par tes réprimandes et gronderies quotidiennes, tu comprimes, dans le cœur du pauvre garçon, tout courage, comme tu viens de faire aujourd’hui. »

Puis elle quitta la chambre à la hâte pour le rejoindre, et le réconforter avec de bienveillantes paroles, ainsi qu’il le méritait, le fils excellent.

Dès qu’elle fut sortie, le père dit, le sourire aux lèvres :

« C’est pourtant un bizarre peuple que les femmes et les enfants ! Les uns et les autres n’en font qu’à leur guise, et il faudrait, après cela, toujours les louer, toujours les flatter. Mais, une fois pour toutes, le proverbe des anciens est vrai, et nous devons nous y tenir : ’’Quiconque n’avance pas, recule.’’ »

Le pharmacien répartit d’un ton réfléchi :

« Je partage volontiers votre opinion, Monsieur mon voisin, et moi-même je suis toujours à la