Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/54

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chaque voyageur s’arrêtait pour regarder, à travers la claire-voie, peinte en rouge, la statue de pierre du mendiant, et celle du nain colorié. Lorsque, dans la superbe grotte artificielle, toute poudreuse, il est vrai, et maintenant à demi-ruinée, j’offrais le café à mes invités, chacun s’extasiait devant la lumière chatoyante que reflétaient les coquillages habilement assortis ; tous les connaisseurs contemplaient, d’un regard ébloui, l’éclat métallique de la galène et l’incarnat des coraux. De même, on admirait, dans le salon, les peintures où l’on voit des messieurs et des dames, en toilette, se promener au milieu d’un jardin, et, du bout de leurs doigts effilés, tenant et offrant des fleurs. Mais quels sont ceux, à présent, qui voudraient honorer seulement d’un coup d’œil ces décorations ? Je les regarde à peine moi-même, toujours avec dépit, car, désormais, il faut que tout prenne une autre forme, que tout soit ’’plein de goût’’, comme ils disent ; il faut des palissades non peintes et des bancs non vernis ; il faut que, toutes choses soient unies et simples ; pas de ciselure, point de dorure ; et, actuellement, ce qui coûte le plus, c’est le bois étranger. Sans doute, j’aimerais aussi à me donner du nouveau, j’aimerais à marcher avec le temps et à changer souvent mon mobilier ; mais on craint de déplacer le moindre objet, car, comment payer les ouvriers