Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

recherche du mieux, pourvu, toutefois, que la nouveauté ne soit pas trop dispendieuse. Mais, si l’on n’a pas l’argent en abondance, à quoi sert d’être actif, empressé, et de vouloir faire des améliorations au dedans et au dehors ? Les ressources du bourgeois sont trop limitées : le bien qu’il reconnaît, il ne peut l’atteindre à cause de l’étendue de ses besoins et de la faiblesse de sa bourse ; aussi est-il toujours empêché. J’aurais fait maintes choses : mais qui de nous ne recule devant la dépense des changements, surtout à cette époque pleine de périls ? Mon imagination s’est plu longtemps à revêtir ma maison d’une forme nouvelle, en harmonie avec la mode ; longtemps mon esprit a vu resplendir, à mes fenêtres, de grandes vitres au lieu des petits carreaux ; mais pouvons-nous imiter le négociant, qui, sans parler de sa fortune, connaît tous les moyens d’obtenir ce qu’il y a de meilleur ? Regardez seulement là, en face de nous, cette maison neuve : avec quelle magnificence le stuc blanc des volutes ressort sur les panneaux verts ! De quel éclat brillent et miroitent ces grandes vitres semblables à des glaces, au point que tous les autres édifices de la place du marché en sont obscurcis ! Et pourtant, immédiatement après l’incendie, les plus belles maisons, c’étaient les nôtres : la ’’Pharmacie de l’Ange’’, et l’ ’’Hôtel du Lion d’or !’’ Mon jardin aussi était renommé dans toute la contrée :