Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/123

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Si nous nous y mettons sérieusement, nous sommes sûrs du succès.»

Le discours du roi plut fort à Brun et à Isengrin. «Nous serons donc vengés à la fin!» pensèrent-ils tous les deux. Mais ils n'osèrent pas parler, voyant que le roi était de mauvaise humeur et excessivement en colère.

La reine dit enfin: «Mon gracieux seigneur, vous ne devriez pas vous mettre en d'aussi violentes colères et faire un serment si à la légère; votre dignité en souffre, ainsi que l'autorité de votre parole. Car nous ne voyons encore nullement la vérité au grand jour; il faut encore entendre l'accusé. Et, s'il était présent, plus d'un se tairait qui parle maintenant contre Reineke. Il faut toujours entendre les deux parties; car plus d'un criminel accuse les autres pour cacher ses propres méfaits. J'ai toujours regardé Reineke comme un homme sage et intelligent, je n'y voyais pas de mal; je n'ai jamais eu que votre bien en vue, quoi qu'il en soit arrivé autrement. Car son avis est toujours bon à suivre, quoique, à vrai dire, sa vie mérite plus d'un blâme. De plus, il faut songer aux grandes alliances de sa famille. Les affaires ne gagnent pas à être précipitées, et ce que vous aurez résolu, vous l'exécuterez toujours à la fin, puisque vous êtes notre maître et seigneur.»

Et Léopard ajouta: «Puisque vous écoutez tout le monde, écoutez donc aussi Reineke. Qu'il se présente et on exécutera sur-le-champ votre résolution. C'est probablement l'avis de tous ces seigneurs et celui de votre noble épouse.»

Là-dessus, Isengrin se mit à dire: «Que chacun conseille pour le mieux! Seigneur Léopard, écoutez-moi! Quand même Reineke viendrait à l'instant ici et se