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Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/206

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entièrement à vous avec tous les miens. Tous vous obéiront au premier signe; je vous en fais serment! Je vous offre encore ce que je n'ai pas promis au roi lui-même. Acceptez-le, vous serez un jour le maître du pays. Tout ce que je sais capturer, je vous l'apporterai: oies, poulets, canards et poissons; avant d'y toucher, je vous en laisserai le choix, ainsi qu'à votre femme et à vos enfants. De plus, je veillerai sur votre vie pour que nul mal ne vous advienne. On me dit malin et vous êtes fort; à nous deux, nous pouvons faire de grandes choses. Il faut nous allier; l'un armé de la force, l'autre de la ruse, qui pourra nous vaincre? Nous avons tort de combattre l'un contre l'autre. Vraiment, je ne l'eusse jamais fait, si j'avais pu éviter ce duel d'une façon honorable; mais vous m'avez provoqué et l'honneur me faisait une loi d'y répondre. Cependant je me suis conduit poliment et je ne me suis pas servi de toutes mes forces pendant la lutte. Épargner ton oncle, me disais-je, est une action qui te fera honneur. Si je vous avais détesté, vous vous en seriez trouvé pis. Je vous ai fait peu de mal, et, si, par mégarde, je vous ai blessé à l'œil, j'en suis cordialement affligé. Mais ce qu'il y a d'heureux, c'est que je sais un remède pour vous guérir et vous m'en remercierez quand je vous l'aurai dit. Si votre œil ne revient pas, une fois que vous serez guéri, il n'y aura rien de plus commode; vous n'aurez qu'une fenêtre à fermer quand vous voudrez dormir; nous autres, nous avons le double de peine. Pour vous apaiser, tous mes parents s'inclineront à l'instant même devant vous. Ma femme et mes enfants, sous les yeux du roi et devant toute l'assemblée, viendront vous prier et vous conjurer de me pardonner et de me faire grâce de la vie. Alors je confesserai publiquement que je n'ai pas dit la vérité, que je vous ai calomnié et trompé de tout mon pouvoir. Je promets de faire serment que je ne sais rien de mal sur votre compte et que dorénavant je ne vous offenserai jamais. Quand avez-vous jamais rêvé une satisfaction