Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/94

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moi de sa faim et de ses ennemis; enfin, j'en pris pitié, quand je le vis maigre et malade; c'est mon proche parent. Je l'aidai à prendre la clef des champs. Voilà comment j'ai encouru l'excommunication du pape. Je voudrais donc sans retard, avec votre consentement, veiller aux intérêts de mon âme et, demain matin, au lever du soleil, partir en pèlerin pour Rome afin d'y chercher l'absolution; de là, je passerai la mer. Ainsi tous mes pêchés seront lavés; et, si je reviens au pays, je pourrai marcher à vos côtés avec honneur. Mais, si je le faisais aujourd'hui, chacun se dirait: «Comment le roi peut-il fréquenter encore Reineke, qu'il vient de condamner à mort et qui, de plus, est frappé d'excommunication?» Sire, vous le voyez bien, il ne faut plus y songer.

— C'est vrai, répliqua le roi. Je ne pouvais pas le savoir. Si tu es excommunié, j'aurais tort de te mener avec moi. Lampe ou tout autre peut me conduire à la source. Mais je trouve bon et utile que tu cherches à te relever de ton excommunication. Je te permets de partir demain matin; je ne veux pas empêcher ton pèlerinage; car il me semble que tu veux te convertir au bien. Dieu bénisse ton projet et te permette d'accomplir le voyage!»