Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/127

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Elle est sacrée pour moi ; tout désir se tait en sa présence. Je ne sais ce que je suis quand je suis auprès d’elle : c’est comme si mon âme se versait et coulait dans tous mes nerfs. Elle a un air qu’elle joue sur le clavecin avec la suavité d’un ange, si simplement et avec tant d’âme ! C’est son air favori, et il me remet de toute peine, de tout trouble, de toute idée sombre, dès qu’elle en joue seulement la première note.

Aucun prodige de la puissance magique que les anciens attribuaient à la musique ne me parait maintenant invraisemblable : ce simple chant a sur moi tant de puissance ! et comme elle sait me le faire entendre à propos, dans des moments où je serais homme à me tirer une balle dans la tête ! Alors l’égarement et les ténèbres de mon âme se dissipent, et je respire de nouveau plus librement.




18 juillet.

Wilhelm, qu’est-ce que le monde pour notre cœur sans l’amour ? ce qu’une lanterne magique est sans lumière : à peine y introduisez-vous le flambeau, qu’aussitôt les