images les plus variées se peignent sur la muraille ; et lors même que tout cela ne serait que fantômes, encore ces fantômes font-ils notre bonheur quand nous nous tenons là, éveillés, et que, comme des enfants, nous nous extasions sur ces apparitions merveilleuses. Aujourd’hui je ne pouvais aller voir Charlotte, j’étais emprisonné dans une société d’où il n’y avait pas moyen de m’échapper. Que faire ? J’envoyai chez elle mon domestique, afin d’avoir au moins près de moi quelqu’un qui eût approché d’elle dans la journée. Avec quelle impatience j’attendais son retour ! avec quelle joie je le revis ! Si j’avais osé, je me serais jeté à son cou, et je l’aurais embrassé.
On prétend que la pierre de Bologne, exposée au soleil, se pénètre de ses rayons, et éclaire quelque temps dans la nuit. Il en était ainsi pour moi de ce jeune homme. L’idée que les yeux de Charlotte s’étaient arrêtés sur ses traits, sur ses joues, sur les boutons et le collet de son habit, me rendait tout cela si cher, si sacré ! Je n’aurais pas donné ce garçon pour mille écus ! sa présence me faisait tant de bien !… Dieu te préserve d’en rire, Wilhelm ! Sont-ce là des fantômes ? est-ce une illusion que d’être heureux ?