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Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/134

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elle, et je n’en formais aucune… j’entends autant qu’il est possible de ne rien désirer à la vue de tant de charmes… Et aujourd’hui l’imbécile s’étonne et ouvre de grands yeux, parce que l’autre arrive en effet et lui enlève la belle.

Je grince les dents, et je m’indigne contre ceux qui peuvent dire qu’il faut que je me résigne, puisque la chose ne peut être autrement… Délivrez-moi de ces automates. Je cours les forêts, et lorsque je reviens près de Charlotte, que je trouve Albert auprès d’elle dans le petit jardin, sous le berceau, et que je me sens forcé de ne pas aller plus loin, je deviens fou à lier, et je fais mille extravagances. « Pour l’amour de Dieu, me disait Charlotte aujourd’hui, je vous en prie, plus de scène comme celle d’hier soir ! Vous êtes effrayant quand vous êtes si gai ! » Entre nous, j’épie le moment où les affaires appellent Albert au dehors ; aussitôt je suis près d’elle, et je suis toujours content quand je la trouve seule.




8 août.

De grâce, mon cher Wilhelm, ne crois pas que je pensais à toi quand je traitais d’insupportables les hommes