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Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/138

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restera ici, et qu’il va obtenir de la cour, où il est très-bien vu, un emploi dont le revenu est fort honnête. Pour l’ordre et l’aptitude aux affaires, j’ai rencontré peu de personnes qu’on pût lui comparer.




12 août.

En vérité, Albert est le meilleur homme qui soit sous le ciel. J’ai eu hier avec lui une singulière scène. J’étais allé le voir pour prendre congé de lui, car il m’avait pris fantaisie de faire un tour à cheval dans les montagnes ; et c’est même de là que j’écris en ce moment. En allant et venant dans sa chambre, j’aperçus ses pistolets. « Prêtez-moi vos pistolets pour mon voyage, lui dis-je. — Je ne demande pas mieux, répondit-il ; mais vous prendrez la peine de les charger, ils ne sont là que pour la forme. » J’en détachai un, et il continua : « Depuis que ma prévoyance m’a joué un si mauvais tour, je ne veux plus rien avoir à démêler avec de pareilles armes. Je fus curieux de savoir ce qui lui était arrivé. « J’étais allé, reprit-il, passer trois mois à la campagne, chez un de mes