Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mieux tous les rapports. « Mon ami, m’écriai-je, l’homme est toujours l’homme ; la petite dose d’esprit que l’un a de plus que l’autre fait bien peu dans la balance, quand les passions bouillonnent et que les bornes prescrites à l’humanité se font sentir. Il y a plus… Mais nous en parlerons un autre jour, » lui dis-je en prenant mon chapeau. Oh ! mon cœur était si plein ! Nous nous séparâmes sans nous être entendus. Il est si rare, dans ce monde, que l’on s’entende !




15 août.

Il est pourtant vrai que rien dans le monde ne nous rend nécessaires aux autres comme l’affection que nous avons pour eux. Je sens que Charlotte serait fâchée de me perdre, et les enfants n’ont d’autre idée que celle de me voir toujours revenir le lendemain. J’étais allé aujourd’hui accorder le clavecin de Charlotte ; je n’ai jamais pu y parvenir, car tous ces espiègles me tourmentaient pour avoir un conte, et Charlotte elle-même décida qu’il fallait les satisfaire. Je leur distribuai leur goûter : ils acceptent maintenant leur pain aussi volontiers de moi que de Charlotte. Je leur contai