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Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/237

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faire la joie. Adieu, mon cher ami. Que le ciel répande sur toi toutes ses bénédictions ! Adieu. »

Nous ne chercherons pas à rendre ce qui se passait à cette époque dans l’âme de Charlotte, et ce qu’elle éprouvait à l’égard de son mari et de son malheureux ami, quoique en nous-mêmes nous nous en fassions bien une idée, d’après la connaissance de son caractère. Mais toute femme douée d’une belle âme s’identifiera avec elle et comprendra ce qu’elle souffrait.

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle était très-décidée à tout faire pour éloigner Werther. Si elle temporisait, son hésitation provenait de compassion et d’amitié ; elle savait combien cet effort coûterait à Werther, elle savait qu’il lui serait presque impossible. Cependant elle se vit bientôt forcée de prendre une détermination : Albert continuait à garder sur ce sujet le même silence qu’elle avait elle-même gardé ; et il lui importait d’autant plus de prouver par ses actions combien ses sentiments étaient dignes de ceux de son mari.

Le jour que Werther écrivit à son ami la dernière lettre que nous venons de rapporter était le dimanche avant Noël ; il vint le soir chez Charlotte, et la trouva seule. Elle s’occupait de préparer les joujoux qu’elle destinait à ses frères et sœurs pour les étrennes. Il parla de la joie qu’auraient les enfants, et de ce temps où l’ouverture inattendue d’une porte et l’apparition d’un arbre décoré