Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/238

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de cierges, de sucreries et de pommes, nous causent les plus grands ravissements [1]. « Vous aussi, dit Charlotte en cachant son embarras sous un aimable sourire, vous aussi, vous aurez vos étrennes, si vous êtes bien sage : une petite bougie, et puis quelque chose encore. — Et qu’appelez-vous être bien sage ? s’écria-t-il : comment dois-je être ? comment puis-je être ? — Jeudi soir, reprit-elle, est la veille de Noël ; les enfants viendront alors, et mon père avec eux ; chacun aura ce qui lui est destiné. Venez aussi… mais pas avant…» Werther était interdit. « Je vous en prie, continua-t-elle, qu’il en soit ainsi ; je vous en prie pour mon repos. Cela ne peut pas durer ainsi, non, cela ne se peut pas. » Il détourna les yeux de dessus elle, et se mit à marcher à grands pas dans la chambre, en répétant entre les dents : « Cela ne peut pas durer ! » Charlotte, qui s’aperçut de l’état violent où l’avaient mis ces paroles, chercha, par mille questions, à le distraire de ses pensées ; mais ce fut en vain. « Non, Charlotte, s’écria-t-il, non, je ne vous reverrai plus ! — Pourquoi donc, Werther ? reprit-elle. Vous pouvez, vous devez nous revoir ; seulement soyez plus maître de vous ! Oh ! pourquoi êtes-vous né avec cette fougue, avec cet emportement indomptable et passionné que vous mettez à tout ce qui vous attache une fois ! Je vous en prie, ajouta-t-elle

  1. C’est l’usage en Allemagne d’enfermer, la veille de Noël, un arbre chargé de petits cierges et de bonbons dans une fausse armoire, qu’on ouvre à l’instant où l’on s’y attend le moins, pour donner aux enfants le plaisir de la surprise.