LE MARIAGE 139
Phiokla. — La dot : une maison en pierre dans le quartier de Moscou... à deux étages et qui vous rap- porte... que c'est une vraie joie !... Rien que le grai- netier paie sept cents roubles pour sa boutique... le marchand de bière attire aussi beaucoup de monde... La maison a deux ailes, l'une toute en bois, l'autre avec un soubassement en pierre... chacune donne quatre cents roubles de revenu. Il y a encore un potager dans le quartier de Viborg... voilà trois ans qu'il est loué par un marchand... un homme sobre, qui ignore le goût des boissons capiteuses... il a trois fils... deux sont mariés, quant au troisième... « il est trop jeune », qu'a dit le marchand, « qu'il s'occupe avec moi... pour que les envois se fassent mieux... je suis vieux, qu'il reste avec moi, le commerce sera plus facile... »
Podkoliossine. — Et comment est-elle... de figure?
Phiokla. — Du raffiné ! Blanche, rose... du sang au lait!... une douceur, qu'on ne sait pas comment l'appeler ! Vous en jouirez jusque-là... (Elle montre sa gorge...) Et vous ne cesserez de dire à vos amis comme à vos ennemis : « Ohé, Phiolda Ivanovna, comme je te suis reconnaissant ! »
Podkoliossine. — Mais elle n'est pas fille d'un officier supérieur.
Phiokla. — Elle est fille d'un marchand de la troi- sième guilde... et je vous promets qu'elle ne désho- norerait pas un général !... Elle ne veut pas de mar- chand ! « Que m'importe le mari que j'aurai, dit-elle, laid ou non, pourvu qu'il soit noble !... » Et quelle délicatesse !... Lorsque le dimanche elle met sa robe
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