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Page:Gogol - Le Revizor 1922.djvu/172

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164 LE MARIAGE

épaules), des dessins en or... et voici que ces beautés brunes, aux yeux noirs... Vous savez qu'ils ont là- bas de petits balcons... et leurs toits sont aussi plats que... ce parquet... et voilà... je regarde... et ces jolies petites roses sont assises sur le balcon... Évidemment... pour bien se présenter... (Il salue et esquisse un geste élégant)... elle répond ainsi... simplement... (Il fait un signe de la main.) Sa robe, naturellement... un taffetas quelconque... des rubans... des boucles d'oreilles... bref, un vrai petit morceau succulent...

Anoutchkine. — Et comment... permettez encore une question... quelle langue parlent-ils en Sicile?

Jevakine. — Naturellement... le français, tous...

Anoutchkine. — Et c'est absolument toutes les jeunes filles qui parlent le français?

Jevakine. — Absolument toutes ! Vous me croirez même si vous voulez... Nous y sommes restés trente, trente et quatre jours et pas une fois je n'ai entendu un mot de russe !

Anoutchkine. — Pas un mot de russe !

Jevakine. — Pas un mot de russe... Je ne parle pas des nobles et autres signors, c'est-à-dire de certains autres officiers... mais prenez un simple moujik du pays... qui traîne n'importe quelle ordure sur le dos... et demandez-lui donc en bon russe : « Donne-moi du pain, ami », il ne comprendra pas, je vous le jure. Mais dites-lui en français : Daieci del pane, ou portate vino, il saisira aussitôt, courra et vous apportera ce qu'il faut.

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