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LE MARIAGE 165

Ivan Pavlovitch. — Mais il doit être très curieux, très curieux vraiment ce pays dont vous nous entre- tenez... la Sicile !... Vous venez de parler du moujik... Le moujik, comment est-il là-bas? Ressemble-t-il au moujik russe : épaules larges, labourant la terre ou non?

Jevakine. — Je ne saurais vous dire... Je n'ai pas remarqué s'ils labouraient la terre ou non... Mais pour ce qui est de priser le tabac, ça, ils le prisent... ils vont même jusqu'à le fourrer dans la bouche. Et les voyages ne coûtent pas cher, dans ce pays... il y a presque partout de l'eau... et des gondoles, en veux-tu en voilà... Naturellement, une petite Ita- lienne est assise près de vous, rose et fraîche... une chemisette, un châle... Il y avait aussi des officiers anglais avec nous... du monde comme le nôtre, quoi, des marins !... au début, c'était très curieux... on ne se comprenait pas... puis, plus tard, une fois devenus amis, nous nous comprenions à merveille... Ainsi je montrais une bouteille ou un verre... ils savaient aussitôt que je désirais boire... je levais mon poing, l'appliquais sur mes lèvres et faisais : pff, pff... immé- diatement ils se disaient que je voulais fumer une pipe... Leur langue est, d'ailleurs, très facile, vous dirai-je... au bout de trois jours, tous les marins se comprenaient les uns les autres...

Ivan Petrovitch — La vie est furieusement inté- ressante, je vois, à l'étranger. Je suis très heureux de connaître un homme ayant, comme vous, beaucoup vécu... à qui ai-je l'honneur de parler?

Jevakine. — Jevakine, lieutenant de vaisseau en

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