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220 LE MARIAGE

Arina Panteleïmonovna. — Dis-tu la vérité?

Kotchkariof. — Tu mens, c'est impossible !

Douniachka. — Je vous jure que je l'ai vu sauter.., Tenez, le marchand de la petite boutique l'a vu aussi. Il a pris une voiture... pour dix kopecks...

Arina Panteleïmonovna (s' avançant vers Kotchka- riof). — Qu'est-ce que vous êtes venu faire ici? Vous moquer de nous, vous amuser à nos dépens? vous pensiez donc nous déshonorer ! Voilà soixante ans que je vis sur terre, je n'ai jamais subi pareil affront ! Quand même vous seriez un honnête homme, je vous cracherais à la figure... Et quand même vous seriez un honnête homme, je vous traiterais de lâche !... Humilier ainsi une vierge devant le monde entier!... moi qui suis paysanne, je ne le ferais pas... et vous osez vous dire noble... Vous avez juste assez de noblesse pour commettre des ignominies et des bas- sesses !

(Elle sort furieuse et emmène la jeune fille. Kotchkariof se tait, pétrifié.)

Phiokla. — Hein? Comme il a pu organiser l'affaire ! Il a bien su se passer d'une entremetteuse pour arranger ce mariage ! Je trouve peut-être des préten- dants pauvres, dépenaillés... mais je n'en ai certaine- ment pas qui vous fichent le camp par la fenêtre... mille pardons, ce n'est pas mon fait !

Kotchkariof. — C'est idiot, impossible ! Soyez tranquille, je cours le chercher... je le ramènerai...

(Il sort.)

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