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24 LE REVIZOR

Le commissaire de police. — Est-ce que je sais?... Hier, il y eut une bataille dans les environs... Prokhorof y est allé pour rétablir l'ordre et il est revenu ivre...

Le préfet. — Voilà ce que vous allez faire... L'agent Pougovitsine... il est de haute taille... qu'il reste donc sur le pont... pour faire bien... Surtout qu'on nettoie vite la barrière... près de chez le cor- donnier... laissez-y des pieux... des affaires... comme si des ouvriers y travaillaient... Le révizor croira à des réparations en train... et se dira que le préfet remplit son devoir... Ah! ciel! j'oubliais... près de cette barrière il y a une quarantaine de voitures pleines d'ordures... Quelle sale ville ! Qu'on élève un monument quelconque ou qu'on construise une palis- sade, on est sûr d'y trouver des saletés venant le diable sait d'où ! (Il pousse un soupir.) Et si ce fonc- tionnaire demande : « Êtes-vous content du service? » répondez : « Nous sommes contents de tout, Excel- lence ! » Et je vous promets que si quelqu'un était mécontent... il aurait plus tard affaire à moi !... Oh ! oh ! oh ! que de péchés, que de péchés sur ma cons- cience ! (Se trompant, il prend une boîte en carton au lieu de son chapeau.) Dieu veuille seulement que cette épreuve finisse vite... et je les ferai valser ces sacrés marchands... je leur flanquerai un impôt de trois poudes de cire... ils m'en diront des nouvelles ! Ah ! Seigneur... En route, Piotr Ivanovitch...

(Distrait, il met la boîte sur sa tête.)

Le commissaire de police. — Antone Antono- vitch, c'est une boîte... votre chapeau est...

Le préfet (jetant la boîte). — Une boîte, eh bien !

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