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LE REVIZOR 33

SCÈNE V

KHLESTAKOF, seul.

Khlestakof. — Sale affaire, décidément, s'il ne me donne rien à manger ! C'est que je meurs de faim, littéralement... Vais- je être obligé de vendre encore un habit?... Ou mon pantalon? Non... mieux vaut souffrir de la faim et arriver chez moi avec mon cos- tume de Petrograd. Comme je regrette que Joa- chim ne m'ait pas loué une voiture... C'aurait été épatant d'arriver dans ma propriété... en calèche... et me montrer ainsi aux yeux des propriétaires fon- ciers, mes voisins de là-bas... Tonnerre !... Ossip aurait été derrière moi, en livrée ! Je me figure leur tête à tous ! « Mais qui est-ce? Qui arrive?... » Et le laquais entre... (Il se redresse et imitant le laquais.) Ivan Alexandrovitch Khlestakof, de Petrograd, veuil- lez le recevoir... » Ils ignorent, ces rustres, ce que « veuillez le recevoir » veut dire... Si une espèce de vieille oie de propriétaire terrien arrive chez eux, il entre tout de suite comme un ours dans le salon... Et me voilà... je me présente à l'une de leurs filles... jolies les petites... « Mademoiselle, je... » (Il se frotte les mains et salue en joignant ses pieds.) Tphou ! (Il crache.) J'en ai mal au cœur, tellement j'ai faim !

SCÈNE VI

KHLESTAKOF, OSSIP, puis LE GARÇON DE TRAKTIR

Khlestakof. — Eh bien? Ossip. — On monte le dîner.

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