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LE REVIZOR 41

Le préfet (à part). — Allons, du courage... Il veut garder l'incognito... Très bien... nous saurons lui en conter aussi des sornettes... C'est entendu, nous ignorons qui il est... (A haute voix.) Nous pas- sions ici pour affaire de service, Piotr Ivanovitch Dobtchineski, propriétaire foncier d'ici, et moi... et nous voulions savoir comme le traktirchtchik trai- tait ses clients, les voyageurs... Ne croyez pas que je sois un préfet comme un autre, qui ne s'occupe de rien... Je ne suis pas seulement un fonctionnaire, je suis un chrétien pratiquant la charité... et je veux que tout mortel ici soit bien accueilli... Le hasard m'a procuré le plaisir de faire votre connaissance...

Khlestakof. — Je suis très heureux moi-même... Sans votre aide, j'aurais dû rester ici Dieu sait com- bien de temps... je ne savais comment payer...

Le préfet (à part). — Oui, mon cher, nous avons compris. (A haute voix.) Me permettrai- je de vous demander où vous allez?

Khlestakof. — Dans ma propriété... du gouver- nement de Saratof.

Le préfet (à part, avec ironie). — Le gouverne- ment de Saratof ! Et il ne rougira pas ! Décidément, il faut jouer de la ruse avec lui. (A haute voix.) Un beau voyage !... Seulement... prenez garde aux routes... on peut manquer de chevaux et... il y a bien des dis- tractions... car, enfin, c'est pour votre plaisir que vous voyagez !

Khlestakof. — Non, pas du tout. Mon père m'appelle... Le vieux est furieux parce que je ne fiche

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