Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/108

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quait également de moyens pour se procurer à manger en suffisance ; ce qui ne l’empêchait pas d’être excessivement vorace, à ce point qu’il serait tout à fait impossible de compter combien chacun d’eux mangeait de galouchkis[1] à son souper ; de sorte que les cadeaux des riches propriétaires ne pouvaient suffire à leur consommation. Alors le sénat électif et dirigeant, qui se composait de philosophes et de théologiens, envoyait les grammairiens et les rhétoriciens, sous la conduite d’un philosophe, avec des sacs sur les épaules, faire une battue générale dans les potagers de la ville ; et ce soir-là on mangeait au séminaire un riche gruau de citrouilles. Du reste, la bourse et le séminaire portaient également de très-longues robes à la persane, qui s’étendaient jusqu’à cette époque, terme technique pour dire jusqu’aux talons.

Mais de tous les événements de l’année, le plus solennel pour le séminaire, c’étaient les vacances, qui commençaient au mois de juin, quand on renvoyait les écoliers à leurs parents. Alors toutes les grandes routes à la ronde se couvraient de grammairiens, de rhétoriciens, de théologiens et de philosophes. Celui qui n’avait pas de maison paternelle allait chez quelqu’un de ses camarades. Les philosophes et les théologiens cherchaient des

  1. Petits pâtés de farine qu’on mange trempés dans du lait, du beurre ou du miel.