Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/158

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l’église avec un sifflement aigu. Thomas le voyait par moments presque sur sa tête ; mais il s’apercevait bien en même temps qu’il ne pouvait franchir le cercle tracé au-dessus de lui. Il se mit à répéter ses exorcismes ; le cercueil se précipita avec fracas au milieu de l’église, et resta de nouveau immobile à sa place. Le cadavre alors se souleva, devenu d’un vert livide ; mais à cet instant même retentit le chant lointain du coq. La morte se recoucha, et le couvercle, qui pendait à côté, se posa de lui-même sur le cercueil.

Le philosophe sentait son cœur battre violemment, et il était tout baigné de sueur ; mais, rassuré par le chant du coq, il reprit sa lecture avec plus de courage. Aux premières lueurs du jour, un diacre vint le remplacer, assisté du vieux Iavtoukh, qui, pour le moment, remplissait les fonctions de sacristain.

De retour à la maison, le philosophe ne put de longtemps s’endormir ; mais la fatigue le vainquit, et il ne se réveilla plus jusqu’au dîner. Quand il ouvrit les yeux, toute cette aventure nocturne lui parut un songe. Il avala une chopine d’eau-de-vie pour se réconforter. Au dîner, il redevint bientôt lui-même, faisant des remarques à tout propos, et il mangea presque à lui seul un assez grand cochon de lait. Cependant il ne se décida point à parler de ce qui lui était arrivé dans l’église, et il