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Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/162

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dain autour de l’église ; un bruit éclata, qui paraissait provenir d’une foule d’oiseaux en mouvement ; il lui semblait entendre des milliers d’ailes frapper dans les vitres et les grillages des fenêtres, des griffes grincer sur le fer, et une lourde masse s’appuyer contre la porte, et la faire gémir sur ses gonds. Son cœur battait avec violence ; mais il continua de réciter ses exorcismes, tout en fermant les yeux. Bientôt un cri aigu se fit entendre dans le lointain ; c’était le chant du coq. Le philosophe, brisé d’émotions et de fatigues, s’arrêta et prit une profonde respiration.

Ceux qui vinrent le chercher au matin le trouvèrent à demi mort. Il s’était adossé à la muraille, et regardait d’un air effaré, en écarquillant les yeux, les Cosaques qui venaient le prendre. Ils furent forcés de le porter en quelque sorte hors de l’église, et de le soutenir jusqu’à la maison. Après être arrivé, il se secoua, s’étira, et se fit donner de l’eau-de-vie. Il la but tout d’un trait, passa la main sur ses cheveux, et dit :

— Il y a toutes sortes d’infamies dans le monde, et il vous arrive des choses.... —

Le philosophe n’ajoute plus rien, qu’un geste qui voulait dire : J’aime mieux me taire. Ceux qui s’étaient réunis autour de lui baissèrent tous la tête en entendant ces paroles. Même un petit garçon que tous les gens de la maison se croyaient