Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vures enfermées dans de vieux cadres étroits. Je suis sûr que les maîtres de la maison eux-mêmes ignoraient depuis longtemps ce qu’ils avaient représenté, et n’auraient pu s’apercevoir qu’on en eût emporté quelques-uns. Il y avait, entre autres, deux grands portraits peints à l’huile : l’un représentait un archevêque ; l’autre, Pierre III. Parmi les gravures, se trouvait une duchesse de La Vallière, toute salie par les mouches. Autour des fenêtres et au-dessus des portes, étaient collées d’autres petites gravures noirâtres, qu’on n’examinait pas d’habitude, car on les prenait pour des taches sur la muraille. Le plancher, dans toutes les chambres, était de terre glaise, mais très-bien construit, et tellement propre, qu’aucun parquet de grand seigneur, paresseusement balayé par un monsieur en livrée à demi réveillé, n’aurait pu soutenir la comparaison. La chambre de Pulchérie Ivanovna était toute remplie de coffres et de boîtes, de petits coffres et de petites boîtes. Une quantité de sachets que remplissaient des graines de fleurs, de pastèques, de concombres, étaient pendus aux murailles. Tous les intervalles et tous les recoins que formaient les coffres amoncelés étaient encombrés de pelotons de laine, de chiffons, de friperies datant d’un demi-siècle. Pulchérie Ivanovna était une grande ménagère ; elle ramassait tout, sans savoir souvent elle-même à quoi cela pourrait