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Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/78

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— Dieu sait ce que vous dites ; je ne veux plus vous écouter. C’est un péché de dire ces choses, et Dieu nous punit pour de telles pensées. —

Et Athanase Ivanovitch, satisfait de s’être un peu moqué de Pulchérie Ivanovna, souriait assis dans sa chaise.

Ces bonnes gens me plaisaient surtout quand ils recevaient des visites. Alors, tout changeait d’aspect dans leur maison. Ils ne vivaient plus, on peut le dire, que pour leurs hôtes. On apportait tout ce qu’il y avait de meilleur, ils offraient avec empressement tout ce que produisait leur terre. Et ce qui me touchait le plus, c’est que, dans cet empressement, il n’y avait rien d’affecté. Le contentement qu’ils éprouvaient à vous combler de leurs offres se peignait si clairement sur leur visage qu’il était presque impossible de refuser. Ce n’était pas cette obséquiosité que met à vous recevoir un employé parvenu de la chambre des finances, qui vous appelle son bienfaiteur et qui rampe à vos pieds. Jamais aucun visiteur n’eut la permission de partir le jour même de son arrivée. Il fallait absolument qu’il passât la nuit.

— Comment peut-on se mettre en route si tard pour aller si loin, disait dans ces occasions Pulchérie Ivanovna (notez que le visiteur habitait d’ordinaire à trois ou quatre verstes de distance).

— Certainement, ajoutait Athanase Ivanovitch,