Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/81

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Et Athanase Ivanovitch, content d’avoir un peu effrayé Pulchérie Ivanovna, souriait assis dans sa chaise.

J’aimais aussi à considérer Pulchérie Ivanovna, quand elle engageait un visiteur à déjeuner.

— Voilà, disait-elle en ôtant le bouchon d’une carafe, voilà de l’eau-de-vie faite avec de la menthe ; elle est très-bonne pour les maux de reins. En voilà une autre faite avec de la centaurée ; celle-ci est très-efficace contre les tintements d’oreilles et les boutons au visage. En voilà une autre encore faite avec des noyaux de pêches ; tenez, prenez un petit verre, voyez quelle bonne odeur ! Si quelqu’un, en se levant le matin du lit, donne du front contre l’angle d’une armoire, et qu’il se fasse une bosse, il n’a qu’à prendre un petit verre avant dîner, et tout passera comme s’il ne se fût jamais frappé. —

C’est ainsi qu’elle recommandait toutes ses liqueurs, qui avaient chacune quelque vertu curative. Après avoir bourré son hôte de toute cette pharmacie, elle le conduisait près d’une table toute chargée d’une quantité de petites assiettes.

— Voilà des champignons au poivre ; en voilà d’autres au clou de girofle et aux avelines ; c’est une femme turque qui m’a appris à les saler, dans le temps que nous avions des prisonniers turcs. C’était vraiment une bien bonne femme, et l’on