Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/82

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ne s’apercevait pas le moins du monde qu’elle fût de la religion turque. Elle faisait toute chose comme nous ; seulement elle s’abstenait de manger de la viande de cochon, disant que c’était défendu par sa loi.

Voilà des champignons aux feuilles de cassis et à la muscade ; en voilà d’autres encore que j’ai fait mariner pour la première fois. Je ne sais s’ils seront bons. C’est le père Ivan qui m’a enseigné à les faire. Il faut prendre un petit baril, y mettre d’abord des feuilles de chêne, puis du poivre et du salpêtre, puis ensuite des fleurs de nitchouiveter[1] qu’on range les queues en l’air. Voici des petits pâtés au fromage ; en voilà d’autres aux choux et au blé noir qu’Athanase Ivanovitch aime beaucoup.

— Oui, ajoutait Athanase Ivanovitch, je les aime beaucoup, ils sont tendres et un peu aigrelets. —

En général, Pulchérie Ivanovna était de très-bonne humeur quand elle avait du monde chez elle. J’aimais beaucoup à lui rendre visite, et, quoique je dusse manger jusqu’à me donner des indigestions, j’y retournais avec plaisir. Du reste, je crois que l’air même, en Petite-Russie, a la faculté d’aider au travail de l’estomac ; car si quelqu’un

  1. Plante odorante des steppes.