nant dans un bois impraticable, m’aurait moins effrayé que cette voix solennelle retentissant dans ce profond silence, par une journée calme et sereine. Je me mettais alors à courir, tout éperdu, tout haletant, et ne m’arrêtais qu’après avoir rencontré quelqu’un dont la vue pût dissiper l’effroi qui me serrait le cœur. Athanase Ivanovitch se pénétra de l’idée que Pulchérie Ivanovna l’avait appelé ; il se soumit à son sort comme un enfant docile. Il se mit à maigrir, à tousser, à fondre comme un cierge, et s’éteignit enfin dès qu’il ne resta plus rien pour alimenter sa débile flamme. — Qu’on m’enterre près de Pulchérie Ivanovna, — furent ses dernières paroles. On remplit son désir. Il y eut bien moins de visiteurs à son convoi, mais non moins de paysans et de pauvres. La maisonnette seigneuriale devint tout à fait vide. L’intendant spéculateur, d’accord avec le starosta, emportèrent chez eux toutes les nippes que la femme de charge n’avait pas eu le temps d’enlever. Bientôt arriva, on ne sait d’où, l’héritier, parent éloigné qui avait eu le grade de lieutenant dans je ne sais quel corps de l’armée, et très-grand réformateur. Il s’aperçut aussitôt du désordre qui régnait dans les affaires de la maison ; il se décida à changer tout cela, en introduisant l’ordre le plus parfait. Il commença par acheter une demi-douzaine de belles faucilles anglaises, fit peindre un numéro à chaque maison de paysan,
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