Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/125

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or sur lui. Il est tout étincelant d’or, comme quand au printemps le soleil reluit sur l’herbe. Et le vaïvode lui a donné son meilleur cheval ; ce cheval seul coûte deux cents ducats.

Boulba resta stupéfait :

— Pourquoi donc a-t-il mis une armure qui ne lui appartient pas ? Parce qu’elle était meilleure que la sienne ; c’est pour cela qu’il l’a mise. Et maintenant il parcourt les rangs, et d’autres parcourent les rangs, et il enseigne, et on l’enseigne, comme s’il était le plus riche des seigneurs polonais.

— Qui donc le force à faire tout cela ?

— Je ne dis pas qu’on l’ait forcé. Est-ce que le seigneur Tarass ne sait pas qu’il est passé dans l’autre parti par sa propre volonté ?

— Qui a passé ?

— Le seigneur Andry.

— Où a-t-il passé ?

— Il a passé dans l’autre parti ; il est maintenant des leurs.

— Tu mens, oreille de cochon.

— Comment est-il possible que je mente ? Suis-je un sot, pour mentir contre ma propre tête ? Est-ce que je ne sais pas qu’on pend un juif comme un chien, s’il ose mentir devant un seigneur ?

— C’est-à-dire que, d’après toi, il a vendu sa patrie et sa religion ?