Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/130

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caftan. Plus loin, près d’une porte latérale, se tenait un autre colonel, petit homme maigre et sec. Ses petits yeux vifs lançaient des regards perçants sous leurs sourcils épais. Il se tournait avec vivacité, en désignant les postes de sa main effilée, et distribuant des ordres. On voyait que, malgré sa taille chétive, c’était un homme de guerre. Près de lui se trouvait un officier long et fluet, portant d’épaisses moustaches sur un visage rouge. Ce Seigneur aimait les festins et l’hydromel capiteux. Derrière eux était groupée une foule de petits gentillâtres qui s’étaient armés, les uns à leurs propres frais, les autres aux frais de la couronne, ou avec l’aide de l’argent des juifs, auxquels ils avaient engagé tout ce que contenaient les petits castels de leurs pères. Il y avait encore une foule de ces clients parasites que les sénateurs menaient avec eux pour leur faire cortège, qui, la veille, volaient du buffet ou de la table quelque coupe d’argent, et, le lendemain, montaient sur le siège de la voiture pour servir de cochers. Enfin, il y avait là de toutes espèces de gens. Les rangs des Cosaques se tenaient silencieusement devant les murs ; aucun d’entre eux ne portait d’or sur ses habits ; on ne voyait briller, par-ci par-là, les métaux précieux que sur les poignées des sabres ou les crosses des mousquets. Les Cosaques n’aimaient pas à se vêtir richement pour la bataille ; leurs caftans