diable lui-même ne saurait comprendre leur baragouin.
Deux minutes après, les juifs entrèrent tous à la fois dans sa chambre. Mardochée s’approcha de Tarass, lui frappa sur l’épaule, et dit :
— Quand nous voudrons faire quelque chose, ce sera fait comme il faut.
Tarass examina ce Salomon, qui n’avait pas son pareil dans le monde, et conçut quelque espoir. Effectivement, sa vue pouvait inspirer une certaine confiance. Sa lèvre supérieure était un véritable épouvantail ; il était hors de doute qu’elle n’était parvenue à ce développement de grosseur que par des raisons indépendantes de la nature. La barbe du Salomon n’était composée que de quinze poils ; encore ne poussaient-ils que du côté gauche. Son visage portait les traces de tant de coups, reçus pour prix de ses exploits, qu’il en avait sans doute perdu le compte depuis longtemps, et s’était habitué à les regarder comme des taches de naissance.
Mardochée s’éloigna bientôt avec ses compagnons, remplis d’admiration pour sa sagesse. Boulba demeura seul. Il était dans une situation étrange, inconnue ; et pour la première fois de sa vie, il ressentait de l’inquiétude ; son âme éprouvait une excitation fébrile. Ce n’était plus l’ancien Boulba, inflexible, inébranlable, puissant comme un chêne ; Il