Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/204

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ce moment s’approcha un gros homme, qui paraissait être le chef, car il criait plus tort que les autres.

— Mon seigneur, c’est nous ; vous nous connaissez déjà, et le seigneur comte vous témoignera encore sa reconnaissance…

— Laissez-les passer ; que mille diables vous serrent la gorge ! mais ne laissez plus passer qui que ce soit ! Et qu’aucun de vous ne détache son sabre, et ne se couche par terre…

Nos voyageurs n’entendirent pas la suite de cet ordre éloquent.

— C’est nous, c’est moi, c’est nous-mêmes ! disait Yankel à chaque rencontre.

— Peut-on maintenant ? demanda-t-il à l’une des sentinelles, lorsqu’ils furent enfin parvenus à l’endroit où finissait le corridor.

— On peut : seulement je ne sais pas si on vous laissera entrer dans sa prison même. Yan n’y est plus maintenant ; on a mis un autre à sa place, répondit la sentinelle.

— Aïe, aïe, dit le juif à voix basse. Voilà qui est mauvais, mon cher seigneur.

— Marche, dit Tarass avec entêtement.

Le juif obéit.

À la porte pointue du souterrain, se tenait un heiduque orné d’une moustache à triple étage. L’étage supérieur montait aux yeux, le second allait droit