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Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/208

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Mais, heureusement pour lui, il n’y avait pas davantage dans sa bourse, et le heiduque ne savait pas compter au-delà de cent.

« Mon seigneur, mon seigneur ! partons au plus vite. Vous voyez quelles mauvaises gens cela fait, dit Yankel, après avoir observé que le heiduque maniait l’argent dans ses mains, comme s’il eût regretté de n’en avoir pas demandé davantage.

— Hé bien, allons donc, heiduque du diable ! dit Boulba : tu as pris l’argent, et tu ne songes pas à nous faire voir les Cosaques ? Non, tu dois nous les faire voir. Puisque tu as reçu l’argent, tu n’es plus en droit de nous refuser.

— Allez, allez au diable ! sinon, je vous dénonce à l’instant et alors… tournez les talons, vous dis-je, et déguerpissez au plus tôt.

— Mon seigneur, mon seigneur ! allons-nous-en, au nom de Dieu, allons-nous-en. Fi sur eux ! Qu’ils voient en songe une telle chose, qu’il leur faille cracher ! » criait le pauvre Yankel.

Boulba, la tête baissée, s’en revint lentement, poursuivi par les reproches de Yankel, qui se sentait dévoré de chagrin à l’idée d’avoir perdu pour rien ses ducats.

« Mais aussi, pourquoi le payer ? Il fallait laisser gronder ce chien. Ce peuple est ainsi fait, qu’il ne peut pas ne pas gronder. Oh weh mir ! quels bonheurs Dieu envoie aux hommes ! Voyez ; cent du-