Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/61

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se trouvaient, attachées à des poteaux, les timbales qu’on frappait pour réunir le conseil. N’ayant pas trouvé les baguettes que gardait chez lui le timbalier, ils saisirent chacun un bâton, et se mirent à frapper sur les timbales. L’homme aux baguettes arriva le premier ; c’était un gaillard de haute taille, qui n’avait plus qu’un œil, et non fort éveillé.

— Qui ose battre l’appel ? décria-t-il.

— Tais-toi, prends tes baguettes, et frappe quand on te l’ordonne, répondirent les Cosaques avinés.

Le timbalier tira de sa poche ses baguettes qu’il avait prises avec lui, sachant bien comment finissaient d’habitude de pareilles aventures. Les timbales résonnèrent, et bientôt des masses noires de Cosaques se précipitèrent sur la place, pressés comme des frelons dans une ruche. Tous se mirent en rond, et après le troisième roulement des timbales, se montrèrent enfin les chefs, à savoir le kochévoï avec la massue, signe de sa dignité, le juge avec le sceau de l’armée, le greffier avec son écritoire et l’ïésaoul avec son long bâton. Le kockévoï et les autres chefs ôtèrent leurs bonnets pour saluer humblement les Cosaques qui se tenaient fièrement les mains sur les hanches.

— Que signifie cette réunion, et que désirez-vous, seigneurs ? demanda le kochévoï.

Les cris et les imprécations l’empêchèrent de continuer.