Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/62

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— Dépose ta massue, fils du diable ; dépose ta massue, nous ne voulons plus de toi, s’écrièrent des voix nombreuses.

Quelques kouréni, de ceux qui n’avaient pas bu, semblaient être d’un avis contraire. Mais bientôt, ivres ou sobres, tous commencèrent à coups de poing, et la bagarre devint générale.

Le kochévoï avait eu un moment l’intention de parler ; mais, sachant bien que cette foule furieuse et sans frein, pouvait aisément le battre jusqu’à mort, ce qui était souvent arrivé dans des cas pareils, il salua très bas, déposa sa massue, et disparut dans la foule.

— Nous ordonnez-vous, seigneurs, de déposer aussi les insignes de nos charges ? demandèrent le juge, le greffier et l’ïésaoul prêts à laisser à la première injonction le sceau, l’écritoire et le bâton blanc.

— Non, restez, s’écrièrent des voix parties de la foule. Nous ne voulions chasser que le kochévoï, parce qu’il n’est qu’une femme, et qu’il nous faut un homme pour kochévoï.

— Qui choisirez-vous maintenant ? demandèrent les chefs.

— Prenons Koukoubenko, s’écrièrent quelques-uns.

— Nous ne voulons pas de Koukoubenko répondirent les autres. Il est trop jeune ; le lait de