il le meilleur Cosaque de l’armée ; et là il sera fusillé comme un chien, et abandonné sans sépulture aux oiseaux. Un ivrogne, à la guerre, n’est pas digne d’une sépulture chrétienne. Jeunes gens, en toutes choses écoutez les anciens. Si une balle vous frappe, si un sabre vous écorche la tête ou quelque autre endroit, n’y faites pas grande attention ; jetez une charge de poudre dans un verre d’eau-de-vie, avalez cela d’un trait, et tout passera. Vous n’aurez pas même de fièvre. Et si la blessure n’est pas trop profonde, mettez-y tout bonnement de la terre, après l’avoir humectée de salive sur la main. À l’œuvre, à l’œuvre, enfants ! hâtez-vous sans vous presser.
Ainsi parlait le kochévoï, et dès qu’il eut fini son discours, tous les Cosaques se mirent à la besogne. La setch entière devint sobre ; on n’aurait pu y rencontrer un seul homme ivre, pas plus que s’il ne s’en fût jamais trouvé parmi les Cosaques. Les uns réparaient les cercles des roues ou changeaient les essieux des chariots ; les autres y entassaient des armes ou des sacs de provisions ; d’autres encore amenaient les chevaux et les bœufs. De toutes parts retentissaient le piétinement des bêtes de somme, le bruit des coups d’arquebuse tirés à la cible, le choc des sabres contre les éperons, les mugissements des bœufs, les grincements des chariots chargés, et les voix d’