ceux qu’on laissait en liberté, on arrachait la peau, du genou jusqu’à la plante des pieds ; en un mot, les Cosaques acquittaient en une seule fois toutes leurs vieilles dettes. Le prélat d’un monastère, qui eut connaissance de leur approche, envoya deux de ses moines pour leur représenter qu’il y avait paix entre le gouvernement polonais et les Zaporogues, qu’ainsi ils violaient leur devoir envers le roi et tout droit des gens.
— Dites à l’abbé de ma part et de celle de tous les Zaporogues, répondit le kochévoï, qu’il n’a rien à craindre. Mes Cosaques ne font encore qu’allumer leurs pipes.
Et bientôt la magnifique abbaye fut tout entière livrée aux flammes ; et les colossales fenêtres gothiques semblaient jeter des regards sévères à travers les ondes lumineuses de l’incendie. Des foules de moines fugitifs, de juifs, de femmes, s’entassèrent dans les villes entourées de murailles et qui avaient garnison.
Les secours tardifs envoyés par le gouvernement de loin en loin, et qui consistaient en quelques faibles régiments, ou ne pouvaient découvrir les Cosaques, ou s’enfuyaient au premier choc, sur leurs chevaux rapides. Il arrivait aussi que des généraux du roi, qui avaient triomphé dans mainte affaire, se décidaient à réunir leurs forces, et à présenter la bataille aux Zaporogues. C’étaient de pareilles rencontres