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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/101

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sur terre pour exprimer cela. Il lui semblait cuire, brûler ; il aurait voulu piétiner le globe sous les sabots de son cheval, saisir toute la terre de Kiev à Galitch, avec ses habitants, avec tout, et la jeter dans la mer Noire. Mais il ne voulait pas faire cela par méchanceté ; non, lui-même ne savait pas pour quelle raison. Il frissonna de tout le corps quand se dressèrent devant lui les monts Karpathes et le haut Krivane, couvert, comme d’un chapeau, d’une nuée grise. Mais le cheval, s’emportant, galopa vers les montagnes. Les nuées disparurent tout d’un coup, et le grand cavalier lui apparut, effroyable…

Il s’efforça de s’arrêter, et tira violemment le mors ; le cheval hennit étrangement, secoua sa crinière, et s’élança vers le chevalier. Et le sorcier fut terrifié de le voir, d’abord comme engourdi, se remuer et ouvrir brusquement les yeux, regarder le nouvel arrivant, et rire. Comme le tonnerre, le rire étrange se répercuta dans les montagnes, et résonna, dans le cœur du sorcier angoissé, comme s’il était au dedans de lui. Il lui sembla qu’une force étrangère était entrée dans son corps, s’y promenait, et frappait le cœur à coups