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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/152

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— Que dites-vous ? s’écria le major Kovalev.

La joie lui enlevait la parole ; il regarda dans les deux sens le policier, qui se tenait devant lui, les lèvres et les joues éclairées vivement par la lueur vacillante de la chandelle.

— Et de quelle façon ? demanda-t-il enfin !

— Par un hasard étonnant : on l’a arrêté au moment où il partait. Il s’était déjà installé dans la diligence, et voulait aller à Riga. Son passeport était depuis longtemps libellé au nom d’un fonctionnaire. Et le plus étonnant, c’est que moi-même je l’avais d’abord pris pour un monsieur ; mais, par bonheur, ayant mes lunettes, j’ai reconnu aussitôt que c’était un nez. Je dois vous dire que je suis myope, et que si vous vous placez devant moi, je reconnais bien que vous avez un visage, mais je ne distingue ni le nez, ni la barbe, ni rien. Ma belle-mère, la mère de ma femme, ne voit rien non plus.

Kovalev ne se possédait plus.

— Où est-il ? où ? J’y cours tout de suite !

— Ne vous emportez pas ! Sachant qu’il vous est nécessaire, je l’ai apporté sur moi. Et le plus étonnant, c’est que le complice principal en cette