d’un arbre, — tableau accroché à cette place depuis déjà plus de dix ans. Le colonel s’en alla, se disant avec dépit : « Comment peut-on ainsi ameuter le peuple avec de telles rumeurs stupides et invraisemblables ?… » Le bruit courut ensuite que le nez du major Kovalev se promenait, non pas sur la perspective Nevski, mais dans le jardin de Tauride ; depuis longtemps, il s’y trouvait, disait-on, et déjà, quand Khozrev-Mirza y demeurait, il s’étonnait beaucoup de ce bizarre caprice de la nature. Quelques étudiants de l’Académie de Chirurgie y furent envoyés. Une honorable dame, de haute naissance, pria le surveillant de ce jardin, par lettre particulière, de montrer à ses enfants ce rare phénomène, et, si c’était possible, d’y joindre une explication instructive et édifiante pour ces jeunes gens.
Tous ces faits mirent dans le ravissement les visiteurs mondains, indispensables de tout raoût, qui cherchent à distraire les dames, et qui voyaient leur stock de nouvelles s’épuiser complètement. Par contre, un petit groupe de gens honorables et bien pensants s’en montra très mécontent. Un monsieur dit même, avec indignation,