Page:Gogol HalperineKaminsky - Veillees de l Ukraine.djvu/159

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parler de lui. Tout à coup, de nouveau, il semblait tomber du ciel, parcourait les rues du village dont il ne reste même plus de traces. Il ramassait sur sa route les Cosaques qu’il rencontrait ; et alors c’étaient des rires, des chansons ; il semait l’argent et l’eau-de-vie coulait comme de l’eau !… Il bombardait les jeunes filles de cadeaux : rubans, boucles d’oreilles, colliers de sequins à ne savoir qu’en faire. Il faut dire cependant que les jeunes filles hésitaient à les accepter. — Qui sait ! peut-être étaient-ils passés par les mains du Malin.

La tante de mon grand-père tenait alors sur la route un cabaret où souvent noçait Basavriouk (c’est ainsi l’on appelait ce diable d’homme) et elle disait que, pour rien au monde, elle ne consentirait à accepter de lui le moindre cadeau. Et pourtant, comment ne pas accepter quand on voyait Basavriouk froncer ses sourcils drus et lancer en dessous un tel regard que l’on se serait sauvé à mille lieues ; mais si on se laissait tenter et que l’on prît le cadeau, la même nuit quelque être du marais, les cornes sur la tête, venait vous